NAISSANCE D’UN SPECTACLE
Yvon Victor, directeur du Théâtre de la Violette à Toulouse, et Christian Bordeleau se sont rencontrés lors du Festival d’Avignon 2014, présentés par Patricia Mallard, alors chargée de diffusion de « C’t’à ton tour, Laura Cadieux » au Théâtre Arto.
Sur proposition d’Yvon Victor, dès septembre, Christian Bordeleau se met en quête d’un texte québécois pour deux acteurs. Après moult recherches et lectures, ils tombent d’accord sur ce merveilleux texte de Nathalie Boisvert.
La compagnie Victoria Regia et le Théâtre de la Violette de Toulouse seront à la production, Québec en scène apportera la mise en scène de Christian Bordeleau, ses contacts et ses relais – le Collège de la Salle pour la création avignonnaise, Hysope Productions pour la diffusion et la presse et l’association Le Théâtre S’Envole de Rieu-Volvestre / Carbonne / Montesquieu-Volvestre (34) pour la résidence de création en juin 2015.
PRÉSENTATION & NOTE D’INTENTION
Les croyances les plus folles courent les rues. Dès l’enfance, on se met à croire à toutes sortes de choses, sous l’influence de notre milieu familial, scolaire, social, géographique. Certaines restent en nous toute notre vie, même si elles sont fausses, et malgré tous les arguments. C’est ainsi que se développe le rapport amical ambigu des deux protagonistes de « L’Été des Martiens », un rapport qui n’est pas sans rappeler le Godot de Beckett et combien d’autres. L’être humain est-il bête au point de préférer croire son ami plutôt que la vérité, afin de ne pas perdre cet ami ? Peanut et Chico sont-ils des adultes attardés dans l’enfance ou deux enfants au langage adulte précoce ? Peu importe. Ce jeu d’enfants aux accents nietzschéens – « la maturité, c’est retrouver le sérieux qu’on mettait au jeu étant enfant » – nous fera aller d’un simple besoin d’amitié à une rencontre du 3e type dans un monde que ne comprennent pas nos héros. Tout parallèle avec les événements ayant endeuillés la France, le Danemark et le monde n’est pas fortuit. Pourtant, Nathalie Boisvert a écrit ce texte, il y a quelques années déjà. Le décor, est-ce un squelette d’une maison abandonnée, une aire de jeu pour enfants, un terrain vague où s’accumulent les rebuts de notre société d’abondance ? Un peu tout ça. L’imagination des enfants donnera vie à tous ces objets.
L’AUTEURE – NATHALIE BOISVERT
Rédactrice polyvalente, autrice dramatique reconnue, jouée et primée, ainsi que pédagogue et coach d’écriture expérimentée, elle a vécu neuf ans aux États-Unis et y a enseigné la littérature et le théâtre québécois.
– Depuis 1993, elle a écrit quinze pièces de théâtre, dont plusieurs ont été primées, traduites, jouées et publiées, dont Buffet Chinois (prix Gratien-Gélinas, Éditons Lansman), L’histoire sordide de Conrad B. (meilleur spectacle du Festival de théâtre en compagnie – Théâtre Botanique, Bruxelles), Vie et mort d’un village (Éditions Comp’Act), L’Été des Martiens (Éditons Lansman), Sauver Fabrice.
– Elle a aussi écrit une trame narrative inspirée d’archives sur la première guerre mondiale pour un spectacle au Musée McCord de Montréal et une centaine de poèmes, dont certains ont été publiés (revues et une anthologie), traduit des textes poétiques du français vers l’anglais, rédigé un blogue hebdomadaire sur la création littéraire, écrit une centaine de poèmes, dont certains ont été publiés dans des revues et une anthologie.
LA MISE EN SCÈNE – Christian Bordeleau
Après ses études de Sciences Sociales, il entre au Conservatoire National d’Art Dramatique du Québec à Montréal. Il vit en France depuis 1984.
Il a adapté et mis en scène L’Été des Martiens de Nathalie Boisvert (2015), Piège pour un homme seul de Robert Thomas (2014), Ce soir, au Coconut Inn (2014) et C’t’à ton tour, Laura Cadieux d’après l’œuvre de Michel Tremblay (depuis 2013), Oui, Patron de Jean Barbier (2013), La Salle à manger d’Albert Gurney (2012), À toi pour toujours, ta Marie-Lou de Michel Tremblay (depuis 2011), En Circuit Fermé de Michel Tremblay (2010), Minuit Chrétien de Tilly (2008), Jeffrey de Paul Rudnick (2007), Torch Song Trilogy de Harvey Fierstein (2005 & 2006), La Duchesse de Langeais de Michel Tremblay, Les Grandes Chaleurs de Michel Marc Bouchard, Sexe, Paillettes & Ruban Rouge de Paul Rudnick, La Déprime de Bouchard/Girard/Legault/Vincent, Duo pour voix seules de Louise Roy & Louis Saïa…
Il a mis en scène Brèves de couples, un montage de textes courts (2011), Tante Olga de Michel Heim (2010), 7e Ciel de Caryl Churchill (2009), Un ange passe de Jean-Marc. Magnoni (2009), Je veux voir Mioussov de Valentin Kataïev, Théâtre sans animaux de Jean-Michel Ribes, Jean Genet détenu administratif d’après Jean Genet, Une rose au petit-déjeuner de Barillet et Grédy…
Son adaptation de la pièce Les Anciennes odeurs de Michel Tremblay, éditée à l’Avant-Scène, créée à Avignon et jouée à Paris, en tournée et à la Radio Suisse Romande, a reçu le Piaf 1989 du meilleur spectacle dramatique (225 représentations). Reprise en 1999, elle a reçu le Baladin des Petites Scènes de Paris pour la meilleure pièce de création (125 représentations). 2007 a vu une nouvelle production de cette même pièce sous le titre de Parfums d’intimité, créée à Avignon, jouée à Paris, en région et en Suisse… (285 représentations).
Il est aussi comédien, animateur et traducteur.
LES COMÉDIENS
YVON VICTOR – Peanut
Fondateur du théâtre de la Violette. Formé aux Cours Nicole Mérouze et lors de stages dont un avec Carlo Boso, Yvon Victor fait ses débuts au théâtre du Palais Royal dans « Le fil à la patte » de Feydeau aux côtés de Jacques Villeret et sous la houlette du metteur en scène Pierre Mondy. Il travaille ensuite sous la direction de Martin Lamotte, Il fait aussi ses armes dans « La folle de Chaillot » sous la direction de Jean Luc Tardieu où il donne la réplique à Madeleine Robinson. On le retrouve dans « Harold et Maude » aux cotés de Danièle Darrieux. Il joue également les oeuvres de Fabrice Roger Lacan, Ariel Dorfman, Israël Horowitz, Dario Fo, Feydeau, Labiche. …/…
OLIVIER DEVILLE – Chico
Formé au Théâtre école de Montreuil, au cours Véra Gregh et lors de stages avec Philippe Adrien, Christian Benedetti et Guy Freixe, il joue Courteline, Corneille, Nerval, Dostoïevski, Genet, Racine, Tchekhov, sous la direction notamment de Jean Pierre Vincent, Jean-Luc Jeener, Daniel Amar, Alain Günther, Urszula Mikos…
En 1996, il intègre l’équipe de la Comédie des Anges et participe en tant qu’acteur, auteur et metteur en scène à 16 créations collectives au coté de Céline Bellanger, en France et à l’étranger. il part en Chine et en Inde pour la Comédie des Anges, afin de préparer deux projets commandés par la Cité de la Musique de Paris. …/… En 2014, Yvon Victor lui propose de rejoindre son projet de création autour d’un auteur québécois, dans une mise en scène de Christian Bordeleau.
LA CARRIÈRE DU SPECTACLE
- Carbonne (34) – 20 juin 2015
- Toulouse – 22 – 23 & 29 – 30 juin 2015
- Avignon – Collège de la Salle – 4 au 26 juillet
28 représentations à ce jour
LA PRESSE
LA PROVENCE Festival d’Avignon – Collège de La Salle – Mercredi 15/07/2015 – par Lisa Guibaud
L’Été des Martiens (***)
La radio et la presse écrite l’ont annoncé : le 4 août à 4h40, les extraterrestres se poseront sur la montagne. Il n’en faut pas plus à Peanut et Chico, deux adolescents en manque de repères, pour décider de prendre contact avec ces créatures de l’espace et peut-être s’envoler avec elles. Semblable à un road-movie aux accents dramatiques, cette pièce porte un regard à la fois tendre et cynique sur une jeunesse désabusée et pourtant encore pleine de rêves. Les deux comédiens incarnent avec justesse ces adolescents un peu perdus, en quête d’amitié et de bonheur. La mise en scène, vivante et énergique, sans cesse bouleversée par un décor mobile, souligne parfaitement les états d’âme de ces personnages auxquels on s’attache sans s’en rendre compte.
« L’Été des martiens » est une pièce singulière à ne pas manquer.
Reg’Arts – www.regarts.com
Après Carole Fréchette et Michel Tremblay, je découvre un autre auteur canadien Nathalie Boisvert.
Univers complètement différent avec cette fois deux jeunes garçons en marge de la société dite normale, l’un Peanut surdoué inadapté au monde qui l’entoure, l’autre Chico issu d’un milieu plus défavorisé.
Les deux vont se retrouver malgré leurs différences autour d’un rêve commun qui les sort de leur quotidien : l’arrivée annoncée d’extraterrestres le 4 août à 4h40.
Tous leurs espoirs, leurs rancunes, leurs désillusions, vont se cristalliser sur cet événement, Chico, le petit dur préparant intensément son compagnon moins endurci au prix d’épreuves physiques difficiles à cette rencontre hors normes.
Dans le livre, les deux jeunes ont 11 et 12 ans. Sur scène, ce sont des adultes interprétant des rôles d’adolescents. Au début, c’est un peu gênant, j’ai eu du mal à me laisser embarquer, et puis peu à peu grâce à l’indéniable présence des deux comédiens, je me suis laissée prendre au jeu et j’ai traversé leurs émotions avec eux, les personnages un peu agaçants devenant au fil du temps de plus en plus touchants jusqu’à la fin véritablement émouvante.
La mise en scène de Christian Bordeleau déroule l’action en saynètes qui se déroulent au fil du temps qui s’écoule et les rapproche de la date fatidique et dans différents lieux matérialisés par deux praticables mobiles astucieusement aménagés.
Émaillée de réflexions caustiques, l’œuvre nous emmène sur des chemins tortueux où les rêves finissent par occulter complètement la réalité pour ces deux héros jusque ce que malheureusement cette dernière les rattrape.
Nicole Bourbon – 23 juillet 2015
THÉÂTRORAMA – www.theatrorama.com
Le très timide Peanuts est formel puisqu’il l’a entendu à la radio. Les extra-terrestres vont atterrir le 4 août à 4h40 dans la région. Personne d’autre ne sait, à part lui et Chico, son nouvel ami. Alors il faut partir immédiatement à la rencontre de cet ailleurs que promettent ces êtres d’un autre monde. L’été, c’est la période de tous les possibles, celle avant tout du grand départ où l’on quitte les routes balisées pour arpenter les grands chemins de l’inconnu. Pour ces deux ados, aux origines modestes, c’est la promesse d’une grande épopée, la chance ultime de s’extraire d’un étouffant carcan sociogéographique. On croit d’abord avoir affaire à une quête initiatique classique, chère à toute une grande partie de la culture nord-américaine, de l’appel à l’aventure jusqu’au retour à la terre natale en étant parvenu à l’âge adulte. Mais le ciment du monde réel va s’insérer dans les failles pour boucher les cloisonnements de la fantaisie. Ainsi, pour Peanuts, la souffrance d’être premier de la classe, rejeté des autres, est indélébile. Quant à Chico, malgré tous ses efforts de leader autoproclamé, il ne parvient pas à suffisamment diluer dans l’espoir du contact, sa vie peu reluisante dans un mobil-home, où sa famille est absente et son frère en prison. Vient se greffer Sylvie, la sœur de Peanuts, au corps paralysé et au cerveau mort, dont les deux amis vont vouloir changer le destin en l’emmenant avec eux. Le moteur de la croyance apparaît assez puissant pour emporter sur ce trajet incertain les deux adolescents au mal-être prononcé, et il y a quelque part dans l’agitation permanente, autant physique que verbale, de Chico et Peanuts, la terrible idée qu’il est vain de vouloir créer un rempart qui retiendrait, momentanément, les vagues violentes projetées par l’océan brut et impitoyable de la réalité. “Je sais des affaires que le monde ne sait pas” La richesse thématique de ce texte à la fois drôle et tragique de l’auteur québécoise Nathalie Boisvert est inépuisable. En utilisant les codes du cinéma et du roman de genre américains appliqués au théâtre (science-fiction, road movie, langage de la rue), elle parvient à nous proposer une véritable étude sociologique de la civilisation occidentale contemporaine, où se raccrocher aux fantasmes pour opérer une fuite en avant est devenu la marque d’une société qui n’a plus rien à offrir d’autre que l’ennui et la morosité. Interprété par deux excellents comédiens adultes, les personnages exhalent un parfum d’empathie qui prend le spectateur à la gorge lors de la scène finale. Mis en scène par Christian Bordeleau avec beaucoup de précision et de justesse, Chico et Peanuts évoluent dans un décor modulable (des lits superposés deviennent tantôt une cabane, tantôt une chambre) et sous une lumière qui parfois, focalise sur eux comme pour marquer leur scission avec le réel. L’ambivalence du propos prend alors tout son sens : ces deux garçons qui ne parviennent plus à franchir les obstacles du réalisme, ne rejoignent-ils pas la plupart des adultes dont le parcours de vie, au fil du temps qui passe, détricote les fils de l’imaginaire jusqu’à l’extinction de toute illusion ?
Vu dans le cadre du Festival Off d’Avignon au Collège de la Salle – David SIMON, 6 AOÛT 2015
LA FICHE TECHNIQUE
DURÉE : 1h25
DIFFUSION :
Hysope Productions (diffusion/tournées)
Isabelle d’Effendal : 06 62 44 50 36
hysope.prod@gmail.com
www.hysopeproductions.com
PRODUCTION :
Victoria Regia
www.theatredelaviolette.com
Théâtre de la Violette, Toulouse – Direction : Yvon Victor.